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Interview écrit de S.E.M. Mourad MEDELCI, Ministre des Affaires Etrangères d'Algérie, par l'Agence de Chine Nouvelle et CCTV


2012-06-04 20:18
 

      A la veille de la 5ème Réunion ministérielle du Forum de Coopération Sino-arabe, S.E.M. Mourad MEDELCI, Ministre des Affaires Etrangères d'Algérie, a accepté l'interview écrit par l'Agence de Chine Nouvelle et CCTV le 28 mai 2012. Dans cet interview, il a répondu aux questions suivantes :

1- Comment évaluez-vous les progrès obtenus depuis la création du Forum en 2004 ?

Vous savez, la Chine et le Monde arabe ont des relations séculaires. Quand notre prophète Mohamed (QSSL) avait glorifié le savoir, il avait cité, à cet effet, la Chine comme une destination lointaine mais emblématique. L'histoire d'interaction entre la civilisation chinoise et la civilisation arabo-musulmane est très riche et très ancienne, et la route de la soie en a été l'une des principales passerelles.

De ce point de vue, la création du Forum sino-arabe répond, avant tout à une volonté commune d'aller vers un monde multipolaire plus ouvert au dialogue et à la concertation internationale.

Au plan politique, la concertation entre la Chine et les pays arabes, devenue plus régulière depuis la tenue du 1er forum, a permis de relever une convergence de vue sur de nombreuses questions politiques internationales notamment, pour ne citer que quelques unes, l'attachement commun au principe de non ingérence dans les affaires intérieures des Etats, le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriales et la promotion de la paix et de la sécurité internationales, notamment dans la région du Moyen Orient.

Au plan économique, comme vous le savez dès sa création, ce forum s'est fixé pour objectif l'établissement d'une coopération économique sincère dans plusieurs domaines, la promotion des échanges culturels entre le monde arabe et la Chine et la formation et le perfectionnement des ressources humaines.

Si je dois citer que les échanges commerciaux pour lesquels le 1er  forum avait fixé l'objectif de 100 milliards de dollars, ce chiffre a non seulement été atteint mais a même été doublé aujourd'hui. Par contre en matière d'investissements directs chinois dans nos pays, ceux-ci demeurent encore modestes et en deçà de nos ambitions (puisqu'il ne représente que 6 ou 7 milliards de dollars environ).

Ceci dit après les quatre précédentes réunions ministérielles, on peut dire que ce forum a atteint aujourd'hui sa vitesse de croisière qu'il faut soutenir. Les différentes réunions de concertation qui ont été tenues sur l'énergie, le commerce, la culture, la communication, l'environnement et le dialogue de civilisation sont autant de cadre de rapprochement et de coopération sectorielle à laquelle il faudra à l'avenir imprimer un rythme plus accéléré.

Dans le domaine de la promotion des ressources humaines, là encore je ne peux qu'exprimer ma satisfaction quant à la réalisation des objectifs fixés. C'est dans ce cadre qu'une trentaine de cadres algériens participent chaque année à des séminaires spécialisés notamment dans les domaines du tourisme, des finances, de l'énergie, de la pêche, de la communication, de l'environnement et de l'agriculture. Des fonctionnaires du ministère des Affaires Etrangères ont également bénéficié de cette formation dans le cadre des séminaires organisés au profit des diplomates venant de pays arabes.

La coopération dans le domaine de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique est également un volet important de nos relations avec la Chine.

2- Que pensez-vous des efforts déployés par la Chine dans le cadre du Forum ?

La Chine, est certes, tous comme l'ensemble arabe, un pays en voie de développement, mais elle a acquis un poids spécifique depuis, notamment, qu'elle a retrouvé son siège aux Nations Unies ; un acquis légitime auquel l'Algérie, par principe, mais aussi par devoir de reconnaissance, a grandement contribué. Le peuple algérien garde en mémoire le fait que la Chine a été parmi le peloton de tête des Etats qui se sont solidarisé avec le combat libérateur du peuple algérien et reconnu le Gouvernement provisoire de la Révolution algérienne.

La création du Forum sino-arabe en 2004 est venu, en quelque sorte, consacrer cette connaissance mutuelle et nos objectifs aujourd'hui convergent par le biais d'un dialogue politique soutenu et un large éventail d'actions de coopération qui d'année en année gagne en substance et rapproche d'avantage aussi bien nos sociétés civiles que nos opérateurs économiques.

En évoquant les efforts déployés par la Chine dans le cadre de ce Forum, je ne peux m'empêcher, en tant que Ministre des Affaires Etrangères de l'Algérie, de souligner la qualité tout à fait exceptionnelle de la relation de l'Algérie avec la Chine, une qualité que lui confèrent une amitié historique et une solidarité réciproque. Cette relation privilégiée trouve, bien entendu, ses prolongements naturels dans les fora internationaux dont le Forum de coopération sino-arabe. Aussi, je dois dire que l'Algérie soutient les actions entreprises dans ce cadre.

Aujourd'hui, celui-ci s'est imposé en tant qu'enceinte importante de dialogue et de concertation mais aussi en tant que cadre de réflexion et de conception à même de soutenir le développement et l'élargissement de la coopération entre la Chine et le Monde arabe sur la base d'une solidarité mutuellement avantageuse.

Aussi, il me plaît de relever ici, la solidarité de la Chine avec les pays arabes et sa contribution hautement appréciée pour accompagner les efforts déployés par nos pays dans le cadre de leurs stratégies respectives de développement économique.

 

3- La 5ème conférence ministérielle du Forum aura pour thème « Approfondir la coopération stratégique, promouvoir le développement en commun». Pour cela quels serons les moyens et mesures praticable ? Quels seront les domaines prioritaires ou les projets phares à développer dans ce sens ?

En effet, le thème de ce Forum ambitionne d'approfondir davantage la coopération dans le cadre d'une relation stratégique qui lie nos deux pays et ce avec l'objectif de promouvoir le développement économique dans tous les secteurs d'activités. Comme vous le savez, dès 2006, nos deux pays ont adopté à l'occasion de la visite d'Etat en Chine de son Excellence le Président de la République, Monsieur Abdelaziz Bouteflika, une déclaration sur l'approfondissement des relations de coopération stratégique. C'est dans cette optique que le transfert de technologies, sur lequel nous insistons beaucoup, car cela constitue pour nous un vecteur essentiel du développement, demeure la clé de voûte dans tous ce que nous entreprenons ensemble.

Si je dois citer un secteur prioritaire, je relèverai donc celui de la technologie de l'information et de la communication, domaine dans lequel la Chine a accumulé un énorme capital d'expérience et de maîtrise dont nous souhaitons bénéficier notamment à un moment où l'on doit nécessairement développer chez nous la e.administration.

Par ailleurs, la question du transfert de technologies concerne l'ensemble des secteurs d'activités économiques à savoir les travaux publics, les transports, l'énergie, le bâtiment, la santé et la recherche scientifique pour ne citer que mobilisation davantage de moyens notamment humains, matériels et financiers, de même que le volume actuel de notre coopération économique nous impose aujourd'hui de passer à une étape supérieure notamment en termes de performance et d'amélioration de nos méthodes respectives de travail.

 

4-Comment évaluez-vous les relations sino-algériennes actuelles ? Dans le contexte régional actuel, quels seront les défis et les opportunités dans la coopération sino-algérienne ?

Depuis l'adoption donc de la déclaration sur l'approfondissement des relations de coopération stratégique en novembre 2006, les relations algéro-chinoises ont enregistré outre une intensification du dialogue politique, une nouvelle dynamique dans la coopération économique qui depuis, a touché un très large éventail de domaines. C'est ainsi que le volume global des marchés publics dont la réalisation est confiée à des entreprises chinoise est de 19 milliards de dollars. Quant aux échanges commerciaux ils atteignent pratiquement 7 milliards de dollars. Toutefois le montant des investissements directs chinois en Algérie reste très modeste puisqu'il atteint à peine 400 millions de dollars. Et c'est sur ce dernier volet qu'un effort devra être fait pour hisser le montant des investissements à un niveau beaucoup plus conséquent.

Comme je l'ai évoqué précédemment il s'agit pour nous aujourd'hui d'imprimer un nouvel élan à cette coopération en mettant plus l'accent à l'avenir, sur l'investissement conjoint dans le cadre d'un partenariat, pourquoi pas stratégique, en encourageant les entreprises algériennes et chinoises à travailler ensemble et à intervenir ensemble dans les marchés tiers, notamment dans les pays africains et arabes dans une première étape et également dans les marchés européens dans une seconde phase. Pour cela je suis persuadé que les potentiels de nos entreprises sont grands et réels et qu'il s'agit aujourd'hui d'exploiter ces potentiels, les mettre en commun et enfin saisir les grandes opportunités qui existent dans ces pays, avec lesquels nos deux pays, par ailleurs, entretiennent de bonnes relations à la fois politiques et économiques. C'est donc là un atout commun, qu'il s'agira d'utiliser et d'inscrire cette action commune dans le cadre justement de notre coopération stratégique. Ces questions seront d'ailleurs à l'ordre du jour de la prochaine session de la Commission mixte algéro-chinoise de coopération.

5- D'après vous, quels seront les domaines de coopération à approfondir entre nos deux pays ? Et en tant que pays riche en ressources énergétiques, quels seront les perspectives de la coopération sino-algérienne dans le domaine énergétique ?

Je pense que notre coopération économique touche actuellement des domaines aussi nombreux que variés. Elle s'est enrichie à la faveur des réformes économiques entreprises en Algérie, notamment en matière commerciale et d'investissements. Aussi l'approfondissement de cette coopération devra connaître un plus grand développement de nos investissements conjoints d'autant que le programme de soutien au développement décidé par Monsieur le Président de la République offre de très grandes opportunités d'investissements en Algérie par les Entreprises chinoises dans un très large éventail de secteurs économiques.

En ce qui concerne le secteur de l'énergie, l'approfondissement et les perspectives de cette coopération devront nécessairement sortir du cadre restreint de l'énergie fossile pour englober désormais le domaine des nouvelles sources d'énergie durable et propre. Je pense ici notamment aux énergies nucléaire et solaire. Les progrès technologiques réalisés au cours des dernières années dans le domaine de l'énergie nucléaire permettent aujourd'hui une excellente maîtrise de son exploitation et son utilisation. Quant à l'énergie solaire, même si des progrès restent à faire en matière de technologie pour son  exploitation à un coût économiquement compétitif, les potentiels dans ce domaine de nos deux pays nous imposent de travailler ensemble dès à présent, en initiant conjointement des programmes de recherches scientifiques en vue de développer justement la technologie qui permette une exploitation de cette source d'énergie intarissable. Et à ce propos, je dirai que la coopération dans ce domaine nous conduira forcément à coopérer également dans le domaine de la protection de l'Environnement, notamment dans la question de la lutte contre la désertification.



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