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CONSOLIDER L'AMITIE TRADITIONNELLE ET APPROFONDIR LA COOPERATION GLOBALE ENTRE LA CHINE ET L'AFRIQUE


2004-02-04 13:46

Discours de Monsieur Hu Jintao

Président de la

République Populaire de Chine

à l'Assemblée Nationale de la

République Gabonaise

(2 février 2004)

Excellence El Hadj Omar Bongo Ondimba,

  Président de la République Gabonaise,

Excellence, Monsieur Georges Rawiri,

Président du Sénat,

Excellence, Monsieur Guy Nzouba-Ndama,

Président de l'Assemblée nationale,

Mesdames et Messieurs les Parlementaires,

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

Mesdames et Messieurs,


C'est pour moi un grand plaisir de venir en visite au Gabon et de vous rencontrer, Mesdames et Messieurs les Parlementaires et les Chefs de mission diplomatiques, dans ce Palais de l'Assemblée nationale, symbole de l'amitié sino-gabonaise. Tout d'abord, je tiens à exprimer, au nom du gouvernement et du peuple chinois, mes salutations cordiales et mes meilleurs vœux à vous-mêmes et, par votre intermédiaire, aux peuples gabonais et africains.


Cette année marque le 30e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et le Gabon. Au cours de ces trois décennies, les deux pays ont mené une coopération fructueuse dans de nombreux domaines et sont devenus des partenaires sincères. Son Excellence le Président El Hadj Omar Bongo Ondimba, un vieil ami bien connu du peuple chinois, a apporté une grande contribution à l'intensification des relations sino-gabonaises. Je suis convaincu que ma présente visite profitera à l'approfondissement et au développement continus de l'amitié et de la coopération entre les deux peuples.


Il y a 40 ans, à la même période, le Premier Ministre Zhou Enlai, très aimé du peuple chinois, faisait sa première tournée en Afrique, dans 10 pays, périple qu'il a qualifié de « voyage en quête de l'amitié, de la paix et du savoir ». Dans le même esprit, les dirigeants chinois, au fil des années, ont effectué bon nombre de visites en Afrique, qui ont permis au peuple chinois d'approfondir sa connaissance de ce continent et de resserrer son amitié avec les peuples africains. Le peuple chinois se sent fort encouragé par les efforts des peuples africains visant à construire leurs pays et par l'avenir radieux qui s'ouvre ainsi au développement de l'Afrique.


Depuis la naissance de la Chine nouvelle, le gouvernement chinois, toujours très attaché au développement des relations de son pays avec l'Afrique, a élaboré une série de principes et de mesures politiques en la matière. Fidèles aux Cinq Principes de la Coexistence pacifique, nous respectons le libre choix par les pays africains de leurs systèmes politiques et de leurs voies de développement. Nous apportons, dans la mesure de nos possibilités, l'assistance aux pays africains et développons la coopération économique et technique avec eux. Nous soutenons les pays africains dans leurs efforts visant à renforcer leur coopération solidaire et à accroître par l'union leur puissance. Nous œuvrons pour amener la communauté internationale à accorder une plus grande attention à la paix et au développement en Afrique et appuyons la participation sur un pied d'égalité des pays africains aux affaires internationales. Nous intensifions nos consultations et notre coopération avec l'Afrique afin de préserver ensemble les droits et intérêts des pays en développement.


L'amitié sino-africaine, ayant une longue histoire derrière elle, s'enracine profondément dans les esprits. Depuis la naissance de la Chine nouvelle, nous avons toujours appuyé fermement la cause de la libération nationale en Afrique et aidé de tout cœur les pays africains à développer leur économie. Les experts, médecins, enseignants et ouvriers chinois envoyés sur ce continent ont travaillé côte à côte avec les habitants locaux et tissé des liens d'amitié fraternelle avec eux. Dans les affaires internationales, la Chine et les pays africains sont devenus des partenaires sincères, se prêtant sympathie et soutien. Le peuple chinois n'oubliera jamais le soutien énergique apporté par les nombreux pays en développement, y compris les pays africains, à la Chine qui a pu ainsi être rétablie sans à-coups dans son siège légitime aux Nations Unies lors de la 26e session de l'Assemblée générale de cette organisation en 1971. Ces dernières années, la Chine et l'Afrique ont approfondi sans cesse leur confiance politique mutuelle aux différents niveaux et sur tous les plans, entretenu une coopération économique et commerciale fructueuse et imprimé un essor vigoureux à leurs échanges amicaux dans les domaines culturel, éducatif, sanitaire, scientifique, technique, sportif et autres. Le Forum sur la coopération sino-africaine, créé au début de ce siècle, constitue une nouvelle plate-forme pour le développement et l'approfondissement des relations de coopération entre la Chine et l'Afrique. Les deux Parties ont donc décidé d'instaurer un nouveau type de partenariat, marqué par une stabilité durable, l'égalité et les avantages réciproques, si bien que leur coopération amicale est entrée dans une nouvelle phase de développement global.


Mesdames et Messieurs,


J'en suis à ma troisième visite en Afrique. Ce continent abonde en ressources naturelles et renferme d'immenses potentialités de développement. Malgré un passé de colonisation et de pillages plusieurs fois séculaire et en dépit de multiples difficultés et défis actuels, le peuple africain, laborieux et courageux, a toujours affronté héroïquement les dures épreuves dans sa marche en avant. Tout cela m'a laissé une profonde impression.


Le temps avance et l'Afrique progresse. Nous sommes heureux de constater que grâce à une lutte menée par plusieurs générations, le continent africain a apporté une contribution considérable au progrès de la civilisation humaine en réalisant la décolonisation et en abolissant l'apartheid. Après des décennies d'efforts inlassables, l'Afrique a enregistré beaucoup de succès dans sa cause de la paix et du développement. Ces dernières années, elle s'est efforcée de régler les conflits locaux, ce qui a permis de stabiliser la situation dans son ensemble. Les pays africains, attachés au renforcement de la solidarité en vue d'accroître leur puissance, ont créé l'Union africaine et élaboré ensemble le NEPAD. Ayant pris comme tâches primordiales le développement économique, l'élimination de la pauvreté et l'amélioration des conditions de vie de la population, ils ont œuvré activement à la recherche d'une voie de développement adaptée à leurs conditions nationales, de sorte que le volume de l'économie de toute l'Afrique a augmenté pendant 9 années consécutives. Avec l'aide de la communauté internationale, ils ont déployé d'énormes efforts pour promouvoir l'éducation, former du personnel qualifié et résoudre des problèmes sociaux, comme celui du VIH/SIDA. Ils ont travaillé en commun avec les autres pays en développement pour impulser la coopération Sud-Sud, et joué un rôle actif dans les affaires internationales. Le gouvernement et le peuple chinois se réjouissent du fond du cœur de chaque réalisation accomplie par l'Afrique. Nous avons la certitude que grâce aux efforts persévérants des gouvernements et des peuples africains et avec le soutien de la communauté internationale, l'Afrique réussira son redressement.


Le peuple chinois fait face lui aussi à une lourde tâche historique, celle du renouveau de la nation. Depuis la fondation de la Chine nouvelle il y a plus d'un demi-siècle, notamment par suite de deux décennies de réforme et d'ouverture, nous avons obtenu, dans la modernisation du pays, des succès prodigieux marqués par un essor historique des forces productives et de la puissance globale et par un niveau de vie d'aisance moyenne pratiquement atteint. Cependant, nous sommes bien conscients que la Chine, avec une population très nombreuse, une base économique faible, un déséquilibre sensible en matière de développement et un PIB par tête d'habitant au bas niveau dans le monde, a encore un long chemin à parcourir et des efforts ardus à déployer de génération en génération avant de réaliser enfin sa modernisation. Le XVIe Congrès du Parti communiste chinois a défini un objectif grandiose, celui de construire une société d'aisance moyenne sur tous les plans. Aujourd'hui, les 1,3 milliards de Chinois, pleinement confiants, œuvrent activement pour atteindre ce but.


À l'heure actuelle, la situation internationale connaît des changements qui s'avèrent les plus complexes et les plus profonds depuis la fin de la guerre froide. La paix et le développement demeurent toujours les deux thèmes majeurs pour les peuples du monde. La paix conditionne au préalable le développement, alors que le développement représente le gage de la paix. Assurer le développement dans un environnement pacifique, cela est une aspiration de l'ensemble de la communauté internationale. Cependant, le monde est loin d'être tranquille, du fait que les incertitudes compromettant la paix et le développement augmentent. L'hégémonisme et la politique du plus fort ont sévi de nouveau, tandis que les antagonismes ethniques et religieux, les conflits locaux dus aux litiges frontaliers et territoriaux se succèdent sans arrêt. Le déséquilibre en matière de développement s'accentue, et le fossé entre le Nord et le Sud se creuse davantage. Les facteurs d'instabilité non classiques, nés des méfaits du terrorisme, de la criminalité transfrontalière, de l'expansion des épidémies et de la pollution de l'environnement, entraînent bien des menaces pour le progrès de la société humaine. L'humanité se trouve donc confrontée à de nouvelles chances et de nouveaux défis en matière de préservation de la paix mondiale et de promotion d'un développement partagé.


Dans ce nouveau contexte, la Chine et l'Afrique voient leurs préoccupations se rejoindre toujours davantage. Elles ont des intérêts et des objectifs communs dans la promotion de l'instauration d'un nouvel ordre international politique et économique, juste et rationnel. La Chine est le plus grand pays en développement dans le monde, tandis que l'Afrique est le continent qui regroupe le plus de pays en développement. La Chine entend travailler de concert avec les pays africains pour saisir les chances historiques, approfondir la coopération globale et promouvoir le développement partagé. À cet effet, j'aimerais avancer une proposition en trois points :


1. Rester fidèle à l'amitié traditionnelle, en imprimant un nouvel essor aux relations sino-africaines. Cette amitié, cultivée par les dirigeants chinois et africains de la vieille génération, repose essentiellement sur une bonne volonté sincère, une égalité réciproque, un soutien mutuel et une coopération étroite. Renforcer sa solidarité et sa coopération avec les nombreux pays en développement, y compris les pays africains, c'est pour la Chine un point d'appui majeur de sa politique étrangère. Dans la nouvelle situation, le gouvernement chinois, déterminé à continuer et à développer la tradition de la coopération amicale entre la Chine et l'Afrique et partant des intérêts fondamentaux de leurs peuples, renforcera la coopération globale de son pays avec les pays africains, de manière à l'enrichir sans cesse par des moyens nouveaux. Il importe que la Chine et l'Afrique maintiennent des échanges fréquents de visites de haut niveau, tout en s'efforçant d'accroître leurs contacts gouvernementaux et non gouvernementaux aux divers échelons. Il convient de renforcer non seulement leur coopération sur les plans économique et commercial, mais encore de l'étendre activement dans les domaines scientifique, technologique, culturel, éducatif, sanitaire, touristique et de gestion... Nous sommes prêts à travailler ensemble avec les pays africains frères pour faire tout ce qui contribue à la paix et au progrès de l'Afrique, à la coopération amicale sino-africaine et à la préservation des intérêts des nombreux pays en développement.


2. Poursuivre l'entraide sur la base des avantages réciproques, en vue de la co-prospérité sino-africaine. Accorder, dans la mesure de ses possibilités, une assistance sans aucune condition politique aux pays africains, cela est une composante importante de la politique africaine de la Chine. Celle-ci va accroître encore son aide aux amis au fur et à mesure qu'elle gagne en puissance économique. Force est de reconnaître qu'en matière économique, la Chine et l'Afrique ont devant elles d'énormes potentialités de coopération, car elles sont fort complémentaires du fait que l'Afrique abonde en ressources naturelles et humaines et que la Chine possède des techniques et des expériences adaptées, sans parler de leurs immenses marchés respectifs. Nous souhaitons voir s'instaurer un partenariat économique et commercial plus étroit entre elles. Pour sa part, la Chine s'attachera fermement à mettre en œuvre l'action de suivi du Forum sur la coopération sino-africaine et appuiera l'Afrique dans ses efforts pour la construction de l'Union africaine et l'application du NEPAD. Elle veillera à honorer effectivement son engagement de pratiquer un tarif douanier zéro pour certaines marchandises africaines, à accroître ses importations de l'Afrique et à explorer ensemble avec les pays africains de nouvelles voies permettant d'élargir leurs échanges commerciaux. Elle prendra une part active à la réalisation de projets de coopération destinés à l'amélioration du bien-être des peuples, conformément aux principes dits « formes diversifiées, égalité et avantages réciproques, et primauté de l'homme ». Elle travaillera pour la création d'un environnement favorable aux investissements des entreprises de part et d'autre et à leur coopération et soutiendra, par des mesures politiques et financières, les entreprises chinoises désireuses de s'implanter en Afrique. Désormais, la Chine et l'Afrique pourront renforcer en priorité leur coopération économique et commerciale dans les domaines des travaux d'infrastructure, du développement agricole et de la mise en valeur des ressources, en vue de promouvoir le développement commun selon le principe « gagnant-gagnant » et sur la base des avantages mutuels.


3. Resserrer continuellement la coopération pour défendre ensemble les droits et intérêts des pays en développement. À notre avis, le mécanisme international de décision doit être démocratique, transparent, juste et équitable. Tous les pays, qu'ils soient grands ou petits, puissants ou faibles, riches ou pauvres, sont égaux et ont le même droit de participer aux affaires internationales et d'y jouer leur rôle ; la mondialisation doit profiter à tous les peuples et évoluer dans l'intérêt d'une prospérité partagée. En tant que membre permanent du Conseil de Sécurité, la Chine continue à appuyer les propositions raisonnables et les revendications légitimes des pays africains et des autres pays en développement et à œuvrer au renforcement de la solidarité et de la coopération entre tous les pays en développement, afin qu'ils accroissent leur capacité de relever ensemble les défis. Elle soutient les efforts des pays africains visant à régler les conflits régionaux et à développer leurs économies à travers une union renforcée, ainsi que leur participation aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies en Afrique et aux projets de promotion du développement socio-économique. Elle entend intensifier ses consultations et sa concertation avec l'Afrique pour préserver l'autorité des Nations Unies, impulser la réforme du Conseil de Sécurité et accentuer la représentativité des pays en développement au sein de ce Conseil. Tout en contribuant à la coopération Sud-Sud, elle s'efforce de promouvoir le dialogue Nord-Sud et d'améliorer les relations Nord-Sud et, en particulier, d'appeler les pays développés à s'engager à faire plus en matière d'accélération du transfert technologique, d'élargissement de l'accès au marché, de réduction des barrières commerciales, d'augmentation de l'aide et des investissements, d'annulation partielle ou totale des dettes, de façon à aider les pays du Sud à développer l'économie et à éliminer la pauvreté.


Mesdames et Messieurs,


En dressant le bilan du passé, nous constatons que l'amitié sino-africaine a donné des fruits abondants grâce aux efforts conjugués des dirigeants et des peuples chinois et africains. En tournant notre regard vers l'avenir, nous avons la conviction que des perspectives encore plus radieuses s'ouvriront à la coopération amicale sino-africaine. Continuons donc ensemble d'œuvrer inlassablement au resserrement de l'amitié traditionnelle et de même qu'à l'approfondissement et au développement de la coopération globale entre la Chine et l'Afrique !


Je vous remercie.




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